Galaxie 146 by Collectif

Auteur:Collectif
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
Éditeur: OPTA
Publié: 1976-01-29T05:00:00+00:00

Traduit par Dominique Abonyi.

Titre original : By the seashore.

UN GESTE DE PITIÉ

Steven Utley

Howard, son mari, et Karen, sa femme, ronflaient doucement sur le divan lorsqu’elle entra. Ils étaient en train de regarder un hologramme lorsqu’ils s’étaient endormis. Diane sourit en les voyant et traversa calmement la cabine pour aller éteindre l’appareil. La cassette s’était déroulée jusqu’au bout et le lecteur ne présentait plus qu’un spectacle étrange : à travers un trou aux bords déchiquetés, sur un fond obscur, se détachaient des étoiles qui tournoyaient paresseusement. Le visage de Diane se crispa brusquement. Son abdomen était traversé par des douleurs étranges et fulgurantes. Puis, comme la douleur empirait, elle se cramponna à la console de l’holographe et s’affaissa dessus pour s’y appuyer. Puis elle ferma les yeux.

Elle reprit conscience très lentement, par bribes, et se retrouva en train de regarder vers le haut, à travers un grand trou aux bords déchiquetés ouvert dans le plafond du sas. Par le trou, elle pouvait voir une obscurité complète, criblée de têtes d’épingles d’une extrême clarté. L’univers semblait passer en revue alors qu’elle tournait sur elle-même avec le fragment de ponton rompu du compartiment F. Elle sentit de nouveau l’horreur ronger ce qui restait de ses entrailles. Elle ouvrit la bouche pour crier, mais elle avait trop mal. Un rugissement emplit ses oreilles. Le sang noya ses yeux, faisant luire d’un rouge malsain les brillantes têtes d’épingles lorsqu’elles passaient devant le trou. À l’intérieur de la coquille de son équipement de sauvetage, elle ressentait d’infimes piqûres alors que des aiguilles hypodermiques s’insinuaient automatiquement dans sa chair.

Diane Drake se força au calme et prêta l’oreille au son rauque de sa propre respiration irrégulière, en attendant que les drogues fassent leur effet, qu’elles éloignent la douleur et la peur. Elle n’avait pas rêvé le trou et les étoiles. Elle n’était pas avec sa femme et son mari. Elle n’était plus à bord de la Roue. Il n’y avait plus de Roue. Quelque chose lui était arrivé – elle ne savait pas quoi, et elle doutait de le savoir jamais.

Elle n’avait pas rêvé la douleur non plus, car quelque chose lui était arrivé à elle aussi. Elle venait à peine de réintégrer le sas du compartiment F avec le robot du service d’entretien lorsque le pont s’était soudain tordu sous leurs pieds, la projetant contre une cloison. Le lourd robot, lancé en travers de sa route, l’avait heurtée en travers du corps, l’enfonçant sans toutefois crever sa carapace, alors qu’il était éjecté au-dehors par l’écoutille ouverte du sas.

Elle avait été blessée, grièvement blessée, elle le savait, et elle était en train de mourir ici, dans le ponton mort du Compartiment F, épave dans une épave, elle savait cela aussi. Oh mon Dieu je vous en prie ne me laissez pas mourir ici ne me laissez pas mourir toute seule.

Non. Pas toute seule.

A-26 entra dans son champ de vision et s’agenouilla près d’elle, comme une mante géante, couleur de vif-argent, qui s’abattrait sur sa proie. Diane s’était toujours

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